1 Démarche énergie
1.1 Historique
Normes sur l'énergie
La consommation d’énergie dans le monde entier ne cesse de croître. Elle va sûrement doubler dans la prochaine décennie.
Entre autres, l’énergie constitue la principale cause du changement climatique et participe majoritairement dans la production des émissions de gaz à effet de serre (GES).
L'organisation internationale de normalisation (ISO) fut créée en 19470. ISO vient du grec « isos » (égal).
Les premières normes des systèmes de management de l’énergie datent du début des années 2000 :
- ANSI/MSE 2000, A Management System for Energy (Un système de gestion de l'énergie), USA, 2000
- DS 2403, Energy Management – Specification (Gestion de l’énergie – Spécifications), Danemark, 2001
- SS 627750, Energy Management System (Système de gestion de l’énergie),Suède, 2003
- IS 393, Energy Management Systems - Requirements With Guidance For Use, (Systèmes de gestion de l'énergie - Exigences et recommandations de mise en oeuvre), Irlande, 2005
- BP X30-120 : Diagnostic énergétique dans l’industrie, France, 2006
- Directive 2006/32/CE sur l’efficacité énergétique dans les utilisations finales et les services énergétiques, EU, 2006
- UNE 216301, Sistema de gestión energética. Requisitos. (Système de management d'énergie. Exigences), Espagne, 2007
- KSA 4000, Corée du Sud, 2007
- GB/T 2331, Chine, 2009
- EN 16001, Systèmes de management de l'énergie - Exigences et recommandations de mise en œuvre, Suède, 2009
- SANS 879, Afrique du Sud, 2009
- Directive 2009/28/CE sur la promotion des énergies renouvelables
- FD CEN/CLC/TR 16103, Management de l’énergie et efficacité énergétique – Glossaire de termes, France, 2010
- EN 15900, Services d’efficacité énergétiques - Définitions et exigences, Italie, 2010
- ISO 50001, Systèmes de management de l'énergie — Exigences et recommandations de mise en œuvre, 2011
- EN 16212, Efficacité énergétique et calcul d'économies Méthodes top down (descendante) et bottom up (ascendante), 2012
- EN 16231, Méthodologie de benchmarking de l'efficacité énergétique, 2012
- DORS/94-651, Règlement sur l’efficacité énergétique, Canada, 2013
- FD X 30 147 Plan de mesurage pour le suivi de la performance énergétique, 2015
- FD X30 148, Mesure et vérification de la performance énergétique Bonnes pratiques pour le calcul des économies d'énergie, 2016
- ISO 17743, Définition d'un cadre méthodologique pour le calcul et la déclaration des économies d'énergie, 2016
- ISO 50001, Systèmes de management de l'énergie — Exigences et recommandations pour la mise en œuvre, 2018
- EN 17267, Plan de mesurage et de surveillance de l'énergie, 2019
- Protocole de Mesure & Vérification IPMVP (International Performance Measurement and Verification Protocol), 2019
- NF EN 16247-1, Audits énergétiques - Partie 1 : Exigences générales, 2022
1.2 Application
Domaine d'application, performance énergétique, ISO 50001
La norme ISO 50001 est générique car elle s'applique au système de management de l’énergie de toute entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12), sans aucune contrainte relative à la taille, l'activité ou le type. C'est une norme volontaire internationale qui permet la certification par un organisme accrédité (de certification).
Plus qu’une norme, l’ISO 50001 est un engagement continu de la direction en faveur de l’efficacité énergétique, la responsabilité environnementale et le développement durable. Cet engagement nécessite un investissement en heures et en ressources à long terme.
La norme ne fixe pas l’atteinte d’objectifs de performance énergétique.
Toutes les énergies sont concernées : électricité, carburant, gaz naturel, vapeur, chaleur, air comprimé …
Il ne faut pas faire de distinction entre les énergies renouvelables et les autres.
L’unité internationale de mesure de l’énergie est le joule (J).
La performance énergétique comprend trois composantes distinctes dont les résultats sont mesurables et montrées dans la figure 1-1 :
Figure 1-1. Les composantes de la performance énergétique
L’usage énergétique c’est par exemple :
- alimentation des lignes de production
- chauffage
- éclairage
- ventilation
- refroidissement
- transport
- traitements
L’efficacité énergétique est par exemple le rapport entre l’énergie nécessaire et l’énergie consommée.
La consommation de référence sert de base quantifiée pour la comparaison des performances énergétiques.
La norme ISO 50001 permet de réaliser des activités comme :
- établir la politique énergétique
- définir des objectifs et cibles énergétiques
- analyser sa performance énergétique
- prendre des décisions en se basant sur des faits
- surveiller et mesurer sa performance
- évaluer les résultats
- évaluer sa conformité aux exigences légales
- améliorer en continu son SMEn
-
1.3 Principes et étapes
Principes de management de la qualité, préparation et mise en place d'un SMEn, cycle de Deming
La performance énergétique est un voyage, pas une destination
L’approche énergie consiste à :
- optimiser ses usages énergétiques
- améliorer son efficacité énergétique
- surveiller et mesurer sa consommation énergétique
La démarche énergie est un état d'esprit qui part de la directiongroupe ou personnes chargés de la gestion au plus haut niveau de l'entreprise (voir aussi ISO 9000, 3.2.7) comme décision stratégique et s'étend à l'ensemble du personnel. La directiongroupe ou personnes chargés de la gestion au plus haut niveau de l'entreprise (voir aussi ISO 9000, 3.2.7) définit la politique énergétique, dans laquelle sont fixés les objectifs, qui sont applicables à toutes les activités. L'outil utilisé pour atteindre les objectifs est le système de management de l’énergie (SMEn). Optimiser sa consommation énergétique au quotidien est le concept essentiel du SMEn.
Les sept principes de management de la qualité (cf. figure 1-2) nous aiderons à obtenir des performances durables (cf. ISO 9000 : 2015, § 2.3). Avant les principes étaient huit mais dorénavant l’approche système est intégrée dans l’approche processus.
Figure 1-2. Les 7 principes de management de la qualité
Une démarche bien préparée est à moitié réussie
La démarche pour mettre en œuvre un système de management de l’énergie passe par plusieurs étapes. Un exemple de préparation est montré en figure 1-3.
Figure 1-3. Préparation d'un SMEn
L'étape 1 comporte la détermination des besoins et attentes (exigencesbesoin ou attente implicites ou explicites (voir aussi ISO 9000, 3.1.2 et 3.12.1)) des parties prenantes :
- personnel
- clients, consommateurs
- concurrents
- actionnaires, investisseurs
- prestataires externes (fournisseurs, sous-traitants, partenaires)
- organisations et associations de branche
- autorités légales et autres
L'implication de la directiongroupe ou personnes chargés de la gestion au plus haut niveau de l'entreprise (voir aussi ISO 9000, 3.2.7) à son plus haut niveau est réellement indispensable. Les conseils d'un consultant sont souvent sollicités. C’est le moment pour réaliser un état des lieux du système de management (ou de ce qui existe). Choisir un organisme externe de certification.
Une des questions clés qui vient très vite (étape 2) est la nécessité de cette décision. Si cela n'est vraiment pas nécessaire ou si l'estimation des coûts de la démarche de certification dépasse les ressources disponibles, on fera mieux d'abandonner tout de suite.
Les normes de la famille ISO 9000 vous empêcheront de faire des promesses que vous ne pouvez tenir et vous aideront à honorer celles que vous pouvez tenir. David Hoyle
Les bénéfices de la mise en œuvre d'un système de management de l’énergie sont souvent :
- améliorer l’image de l'entreprise
- bénéficier d’un avantage concurrentiel
- établir des activités d’inspection et d’analyse de la performance énergétique
- être reconnu comme un acteur de la protection de l’environnement
- fédérer le personnel autour de la protection de l’environnement
- valoriser les projets de réduction des émissions de gaz à effets de serre
- réduire son empreinte écologique
- faciliter la communication sur la gestion des ressources énergétiques
- favoriser une culture d’entreprise reposant sur l’efficacité et l’innovation
- appliquer des innovations pour rendre les processus moins énergivores
- privilégier la mise en application de nouvelles technologies à haute performance énergétique
- obtenir un retour sur investissements rapide
- fournir un cadre pour améliorer l’efficacité énergétique
- garantir la pérennité de l’entreprise
- optimiser l’efficacité énergétique tout au long de la chaîne d’approvisionnement
- prendre des décisions sur la base de données pertinentes
- promouvoir les meilleures pratiques de consommation de l’énergie
- rechercher en permanence l’amélioration de l’efficacité énergétique
- réduire sa facture énergétique
- sensibiliser et impliquer le personnel qui est consulté, motivé et fier
- tenir à jour ses obligations légales
Les bénéfices de la certification d’un système de management de l’énergie sont souvent :
- nouveaux clients
- part de marché accrue
- meilleure performance financière car la gestion de l’énergie est synonyme d’efficacité et, par conséquent, d’économies
Plus d’un million et demi d’entreprises dans le monde entier ne peuvent pas se tromper !
Le groupe Hilton, l’une des plus importantes chaînes hôtelières au monde, a été la première entreprise du secteur à obtenir la certification à la norme ISO 50001 pour l’ensemble de son portefeuille. Cela a été possible après une remise à niveau complète de son système destiné à mesurer les performances du groupe.
Le groupe Hilton a ainsi réalisé d’importantes économies, en réduisant son intensité énergétique de 20,6 % et son intensité carbone de 30 %.
« ISO 50001 nous a aidés à valider la cohérence de notre démarche de management de l’énergie dans tous nos établissements. Depuis la mise en œuvre de la norme, le management de l’énergie reste une préoccupation centrale pour notre Direction et nous continuons à chercher des opportunités pour améliorer encore nos performances. » Maxime Verstraete, Vice-président
L’internalisation de l’esprit des principes et des exigences d’une norme ISO permet d’améliorer sensiblement la performance globale de votre entreprise, surtout quand cela n’est pas considéré comme une contrainte.
La troisième étape doit déterminer si cette démarche reçoit l'approbation du personnel. Une campagne de communication en interne est lancée sur les objectifs d’un système de management de l’énergie (SMEn).
Le personnel est sensibilisé et comprend que sans sa participation le projet ne pourra aboutir.
Ayez confiance, le succès viendra avec l'implication et l'effort de tout le personnel !
Définir la vision (ce que nous voulons être), la mission (pourquoi nous existons) et le plan stratégique de l'entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12). L'étape suivante (4) comprend l'établissement d'une ébauche de la politique énergétique et des objectifs. Si vous ne possédez pas encore un exemplaire de la norme ISO 50001, c'est le moment de l'obtenir (cf. § 2.1 du présent module).
La planification est la dernière étape (5) de la préparation du projet d'obtention de la certification ISO 50001. Une période raisonnable se situe entre 5 à 8 mois (chaque entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12) est spécifique et unique). Les ressources (financières et en personnel) sont confirmées par la directiongroupe ou personnes chargés de la gestion au plus haut niveau de l'entreprise (voir aussi ISO 9000, 3.2.7). Une équipe de gestion de l’énergie est nommée responsable du projet. L'engagement de la directiongroupe ou personnes chargés de la gestion au plus haut niveau de l'entreprise (voir aussi ISO 9000, 3.2.7) est formalisé dans un document et communiqué à l'ensemble du personnel. Une personne est nommée chef du projet d’obtention du certificat ISO 50001.
L'établissement et la mise en place du système de management de l’énergie ISO 50001 sont montrés dans la figure 1-4.
Figure 1-4. Mise en œuvre d'un SMEn
L'étape 1 consiste à identifier et définir les processusactivités qui transforment des éléments d'entrée en éléments de sortie (voir aussi ISO 9000, 3.4.1), les interactions, les pilotes, les responsabilités et les brouillons de certains documents. Avec la participation du maximum de personnes disponibles sont rédigés les premières versions des fiches de processusactivités qui transforment des éléments d'entrée en éléments de sortie (voir aussi ISO 9000, 3.4.1), des descriptions de fonction liées au projet et des instructions de travail concernant l’optimisation de la performance énergétique.
Dans l'étape 2 sont fixées les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs énergétiques. Une planification des tâches, responsabilités et délais est établie. Une formation des auditeursinternes est prise en compte.
L'étape 3 permet de définir et mettre en œuvre les méthodes permettant de mesurer l’efficacité et l’efficience de chaque processusactivités qui transforment des éléments d'entrée en éléments de sortie (voir aussi ISO 9000, 3.4.1). Des auditsinternes permettent d'évaluer le degré de la mise en place du SMEn.
Les non-conformités en tout genre sont répertoriées à l'étape 4. Une esquisse des différents gaspillages est établie. Des actions correctives sont mises en place et documentées.
Une première appréciation des outils et domaines d'application du processusactivités qui transforment des éléments d'entrée en éléments de sortie (voir aussi ISO 9000, 3.4.1) d'amélioration continue est faite à l'étape 5. Un tableau regroupant les principaux coûts d'obtention de la qualité (COQcoûts d'obtention de la qualité) est rempli par les personnes ayant les chiffres en main. Des risques sont déterminés, des actions sont planifiées et des opportunités d’amélioration sont trouvées. Une approche de prévention des non-conformités et d'élimination des causes est établie. La communication en interne et en externe est établie et formalisée.
Pour effectuer l'audit à blanc du SMEn (étape 6) les documents sont vérifiés et approuvés par les personnes appropriées. Une revue de direction permet d'évaluer le respect des exigencesbesoin ou attente implicites ou explicites (voir aussi ISO 9000, 3.1.2 et 3.12.1) applicables. La politique énergétique et les objectifs sont finalisés. Un responsable énergie d'une autre entreprisestructure qui satisfait un besoin (voir aussi ISO/IEC Guide 2, 4.2 et ISO 26 000, 2.12) ou un consultant pourra fournir de précieuses remarques, suggestions et recommandations.
Quand le système est correctement mis en place et respecté, la certification du SMEn par un organisme externe devient une formalité (étape 7).
Un exemple de plan de projet de certification comportant 26 étapes est présenté dans l'annexe 01.
Une méthode pertinente pour évaluer le niveau de performance de votre système de management de l’énergie est la logique RADAR du modèle d’excellence de l’EFQM (European Foundation for Quality Management) avec ses 9 critères et sa note globale sur 1000 points.
Le cycle PDCA, ou cycle de Deming (figure 1-5) s’applique à la maîtrise de tout processusactivités qui transforment des éléments d'entrée en éléments de sortie (voir aussi ISO 9000, 3.4.1). Les cycles PDCA (de l'anglais Plan, Do, Check, Act ou Planifier, Dérouler, Comparer, Agir) sont une base universelle de l’amélioration continue.
Figure 1-5. Le cycle de Deming
- Plan – Planifier, définir le contexte, les enjeux et les processus, faire preuve de leadership, réaliser la revue énergétique, établir la politique et les objectifs énergétiques (articles 4, 5 et 6)
- Do – Dérouler, acheter les équipements, concevoir et développer, mettre en œuvre et maîtriser les processus, optimiser les usages énergétiques, faire preuve de leadership, apporter le support (articles 5, 7 et 8)
- Check – Comparer, vérifier, évaluer, inspecter, analyser les données, réaliser les audits et revues de direction, faire preuve de leadership (articles 5 et 9)
- Act – Agir, adapter, faire preuve de leadership, traiter les non-conformités, réagir avec des actions correctives et trouver de nouvelles améliorations (nouveau PDCA), (articles 5 et 10)
Pour approfondir ses connaissances sur le cycle de Deming et ses 14 points de la théorie du management (cf. tableau 1-1) vous pouvez consulter le livre « Hors de la crise » W. Edwards Deming, Economica, 2002 paru pour la première fois en 1982.